1874, la naissance de l’impressionnisme

15 avril 1874, 20h. Boulevard des Capucines dans l’atelier du célèbre photographe Nadar, une trentaine de jeunes peintres dont Renoir, Monet, Pissarro, Sisley, Morisot, Degas et Cézanne s’apprêtent à présenter au public plus de 150 de leurs œuvres. Ce collectif d’artistes rebelles dans une époque où bouillonne la modernité inaugure une exposition indépendante : l’impressionnisme est né. Pour la première fois, ce docufiction raconte les années qui ont précédé cette exposition et qui ont permis la naissance de ce mouvement pictural majeur de l’histoire de l’art.

En présence des réalisateurs Julien Johan et Hugues Nancy le 15 mars 2024 au Cinéma du Musée à Montréal

Mot de réalisation

En 1863, Monet a 23 ans. Renoir en a 22, comme Bazille et Morisot. Sisley et Cézanne ont 24 ans, Degas 28, et Pissarro, le plus âgé, n’a que 32 ans…

Du fait de l’absence d’iconographie concernant ces peintres, le public souffre souvent d’une sorte de tropisme. On ne connait de Monet ou de Pissarro que des photos les représentant en vieux sages à la longue barbe ; on parle toujours d’eux en maîtres et donc on visualise ces peintres comme des grands-pères, au sommet de leur art, après 50 années d’expérience…

Or la période que couvre notre film est celle de leurs premières années d’adultes : celles du tumulte, de la force de l’âge, de l’insouciance, de la foi en leur capacité à changer le monde. Il faut imaginer un Monet arpentant, infatigable, les chemins de la forêt de Fontainebleau ou les plages de Normandie pour trouver le plus bel arbre ou la plus belle vue à peindre. Il faut se représenter un Renoir et un Sisley, grimpant les collines surplombant la vallée de la Seine le plus vite possible pour ne pas rater le rayon de soleil parfait, alors qu’ils sont lestés de chevalets, de toiles et de dizaines de tubes de couleurs…

Il faut également ressentir chez ces jeunes avides de peinture, l’énervement aussi épidermique que salutaire, contre l’arrière-garde, contre les académies, et contre le « bon goût » qu’ils trouvent aristocratique.

Ils savent que ces styles de peinture sont révolus. Ils le sentent au plus profond d’eux-mêmes. Monet, Morisot, Degas, Sisley, Renoir, Cézanne et Pissarro sont des rebelles. Et nous voulons les filmer comme tels.

- Julien Johan