Silent Movie

Présenté en salle uniquement.

Ce film fait partie du programme Les 50 ans du Groupe Intervention Vidéo – GIV de la section FIFA Expérimental.

C’était la première fois que je voyais une vidéo projetée en grand format dans un centre d’artistes. À l’époque, j’étais surtout attirée par l’art vidéo centré sur le langage et la narration. Pourtant, j’étais là, hypnotisée par une œuvre sans mot ni même son. Cette œuvre m’a surprise et a changé ma relation avec cette forme d’art. Le court métrage familial en 8 mm est répété trois fois, de plus en plus au ralenti, accentuant les détails de la scène et se concentrant finalement sur la réaction de la fillette en gros plan. Au moment où j’ai regardé cette vidéo, le silence était fort. Elle m’incitait non seulement à « regarder », mais aussi à « écouter ».
Les relations patriarcales entre le père, le fils et la fille se manifestent dans leur langage corporel. Chaque fois que la fillette tente de se joindre au groupe, elle est repoussée. Nous sommes alors témoins de sa fatigue et de son découragement croissants. En regardant maintenant cette vidéo, je me demande comment ces expériences, qui échappent souvent à la mémoire consciente, deviennent des éléments de notre identité. J’aime montrer cette vidéo à mes étudiant·es qui, comme moi, sont toujours captivé·es par cette œuvre puissante.
– Monique Moumblow, programmatrice invitée

Mot de réalisation :
Silent Movie [Film muet] est le remaniement d’un film familial 8 mm des années 1940, mettant en scène mon père, mon frère et moi. Nos rôles sont inscrits dans un langage corporel qui transmet parfaitement les constructions culturelles du patriarcat, des privilèges masculins et du dilemme féminin entre la séduction et le rejet. Cet épisode est repris trois fois, toujours avec de nouvelles manipulations (ralentis, répétitions, arrêts sur image, recadrages…). Je ne me souviens pas réellement de cette journée, ni de ces émotions qui n’existent maintenant que dans une réalité dé- et re-construite. Ces images qui parlent de notions de narration autobiographique et de mémoire ; de la façon dont la technologie transpose les expériences humaines ; ces images donnent aussi des indices sur la possibilité de re-connaître et de re-présenter les forces qui nous ont façonnées…
– Freda Guttman