The Cathedral

Perçu par certains comme un idéaliste animé par la foi et par d’autres comme un fou consumé par l’orgueil, un moine espagnol, expulsé de son monastère pour non-conformisme, a commencé à construire une cathédrale de ses propres mains sans aucune expertise architecturale… La question demeure : que deviendra-t-elle après la mort de son bâtisseur ? Ce documentaire, sélectionné au FIPADOC et gagnant du Prix du Meilleur Film au Festival du Film de Cracovie, captive par sa narration minutieuse, racontant une histoire unique débordant de détermination.

Mot de réalisation

En 2018, Matthew est tombé sur l’histoire de Justo Gallego, un ex-moine de 92 ans, qui construisait une cathédrale dans une ville d’Espagne. La cathédrale était apparemment illégale, et même si Justo avait déjà été présenté dans les médias par le passé, aucun des écrits n’allait au-delà de quelques phrases superficielles. Matthew a décidé d’essayer d’écrire le premier compte rendu approfondi de l’histoire de Justo, et m’a invité à venir en tant que photographe. Justo et son aide-soignant Angel ont accepté que nous venions, mais la participation de Justo dépendait de notre volonté de participer à la construction. Nous avons passé une semaine à Mejorada del Campo et avons travaillé avec Justo, témoignant de son zèle et de son dévouement incroyables, malgré sa fragilité et son âge avancé. Nous avons tous deux trouvé l’expérience incroyablement intéressante et avons décidé de retourner à la Cathédrale de la Foi quelques mois plus tard, dans le but de capturer les efforts de Justo et de réaliser des entretiens avec des personnes qui le connaissaient. Nous savions qu’à part quelques courts métrages et reportages télévisés, il n’existait aucun documentaire qui capturait l’histoire de Justo dans son intégralité. Au début, nous ne savions pas si nous pourrions créer quelque chose de plus qu’un simple récit de courte durée, mais intuitivement, nous savions qu’il y avait tellement de profondeur dans l’histoire qu’elle pourrait certainement donner un excellent long métrage.

Au moment où nous avons commencé à filmer, la santé de Justo s’était aggravée et il avait dû arrêter de travailler. Mais il passait toujours chaque jour dans le bâtiment, planifiant comment la cathédrale pourrait être terminée. Entre 2018 et 2020, nous avons enregistré un certain nombre d’entretiens et tourné du matériel avec Justo lui-même, et nous avons réalisé qu’il y avait une telle richesse dans le matériel que le projet pouvait passer d’une idée vague à un véritable film. Nous avons commencé à travailler sur le premier montage brut, tout en recherchant des sources de séquences d’archives que nous pourrions trouver. Mais nous tournions toujours totalement indépendamment, finançant tout nous-mêmes, et le faisant tout avec des amis. En 2021, nous avons eu plusieurs percées majeures, recevant une prestigieuse subvention américaine et découvrant une multitude de séquences d’archives provenant de vidéos domestiques, de films d’étudiants et de courts métrages télévisés.Il est devenu évident qu’avec tout ce matériel, notre documentaire pouvait devenir le récit définitif de la vie et de la construction de Justo.

Nous avons passé les deux années suivantes à tourner et à monter simultanément, en passant par plusieurs montages bruts et en façonnant le film de manière à créer le portrait le plus intime possible de Justo Gallego. Pour moi, l’expérience de la réalisation du documentaire a été transformante non seulement professionnellement, mais aussi sur le plan personnel. Justo était un personnage si unique qu’on ne peut pas ne pas être touché par lui. Je pense qu’il nous fournit un miroir — nous posant les questions les plus fondamentales sur le sens de la vie et sur ce qu’il faut en faire — et c’est précisément cette dimension de lui qui constitue le socle du film.

- Denis Dobrovoda