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La franco-américaine Niki de Saint Phalle est célèbre pour ses Nanas, des sculptures féminines vibrantes de couleurs. Ces figures iconiques, à l’image de toutes les œuvres de Niki, sont le reflet de sa créativité sans limites.
Des clichés inédits et des images plus récentes, tournées en Europe, en Amérique et au Japon, révèlent la vie et l’héritage de la créatrice multidisciplinaire. Ses portraits et œuvres ont été immortalisés par la réalisatrice japonaise Michiko Matsumoto depuis 1981. Ce documentaire, porté par un regard d’artiste, nous invite à découvrir en profondeur des chefs-d’œuvre tels que le Jardin du Tarot en Toscane (Italie), un ensemble monumental d’œuvres qui a pris plus de 20 ans à se concrétiser.
Mot de réalisation :
La regrettée artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle est aujourd’hui surtout connue pour ses Nanas, ces sculptures féminines hautes en couleur et empreintes d’une énergie vibrante. Comme toutes ses œuvres, elles dégagent une créativité sans limites, animée par une force de vie inépuisable.
J’ai rencontré Niki de Saint Phalle pour la première fois en 1981, lors d’une visite à son domicile, une ancienne auberge de campagne au sud de Paris. Lorsque la porte du bâtiment en pierre s’est ouverte, une femme élancée m’est apparue, un sourire éclatant aux lèvres. Contrairement à ses œuvres dynamiques et imposantes, Niki elle-même était d’une silhouette gracile, dégageant une aura de mystère délicat.
En tant que photographe, j’avais suivi le mouvement de libération des femmes dans les années 1970 au Japon, en Europe et aux États-Unis, et j’avais publié le livre de photographies Women Come Alive. Au début des années 1980, j’ai commencé à réaliser des portraits de femmes artistes à travers le monde. Cette quête personnelle m’a conduit jusqu’à la porte de Niki de Saint Phalle.
Mon intention initiale était de réaliser un simple portrait, mais lorsqu’elle m’a parlé de son projet du Jardin des Tarots, j’ai été fasciné·e par l’ampleur et la fantaisie de son univers. Dès lors, j’ai suivi son travail pendant plus de dix ans, à travers l’Europe.
Pour Niki, les Nanas incarnaient des femmes joyeuses et libres. Mais avant d’atteindre cette apogée colorée, son œuvre a traversé une période empreinte de colère. Ses Tirs, performances radicales du début des années 1960, étaient des actes de protestation contre toutes les formes d’oppression, qu’elles soient politiques ou personnelles. À l’aide d’un fusil, elle tirait sur des assemblages complexes de bois et de plâtre, dans lesquels étaient dissimulées des bombes de peinture et des sacs de pigments, provoquant des explosions chromatiques. En 1963 et 1964, elle a également créé des reliefs figuratifs dénonçant les rôles imposés aux femmes par la société.
À partir du milieu des années 1960, ses sculptures féminines ont commencé à s’épanouir dans des formes plus arrondies, aux contours adoucis et aux couleurs éclatantes. Les Nanas héroïques étaient nées.
Au fil des ans, les Nanas de Niki ont grandi, s’étendant jusqu’à la création de parcs de sculptures, d’aires de jeux pour enfants et d’œuvres cinétiques, comme la Fontaine Stravinsky à Paris.
L’aboutissement de son œuvre architecturale est le Jardin des Tarots, en Toscane, en Italie, un projet qui s’est étalé sur deux décennies. Niki avait découvert le travail d’Antoni Gaudí dans sa vingtaine et avait été profondément inspirée par les espaces emblématiques du Parc Güell à Barcelone. Dès lors, elle rêvait de concevoir son propre jardin de sculptures, un lieu conçu pour traverser le temps, cent ans, voire deux cents ans.
Le Jardin des Tarots est basé sur les 22 arcanes majeurs du tarot. Son ambition était d’offrir aux visiteurs un espace où déambuler et se laisser imprégner par les récits symboliques incarnés par ces figures archétypales de l’expérience humaine.
Lorsque j’ai visité le Jardin des Tarots en 1985, Niki s’était installée dans L’Impératrice, une sculpture monumentale qui lui servait à la fois d’atelier et de maison durant cette période de travail intense. L’une des imposantes poitrines de la figure était sa chambre à coucher : elle dormait littéralement bercée dans le sein de la féminité divine.
En 1986, j’ai publié un livre de photographies consacré à Niki de Saint Phalle et organisé plusieurs expositions de ses portraits. Quelques années plus tard, alors que j’approchais de la soixantaine, je me suis interrogé·e sur ce que je n’avais pas encore accompli. Parmi mes aspirations, l’une des plus vives était de voir le Jardin des Tarots dans son état final. Ce désir a été l’un des moteurs de ce film.
J’ai ainsi pu filmer Les Trois Nanas à Hanovre, Le Dragon en Belgique, la Fontaine Stravinsky à Paris, le Jardin des Tarots en Italie, ainsi que certaines des dernières œuvres de Niki à San Diego et à Hanovre.
J’ai également eu la chance de rencontrer des personnes proches de Niki : son arrière-petite-fille, son galeriste, la commissaire de son exposition rétrospective, un collectionneur, ainsi que sa petite-fille, aujourd’hui administratrice de la Niki Charitable Art Foundation.
Tout au long de sa vie, Niki de Saint Phalle nous a invité·es à entrer dans l’espace vaste et vibrant de son imaginaire, avec une liberté d’expression artistique sans entraves. Encore aujourd’hui, à travers son œuvre, elle nous enseigne la joie pure de la création, la joie de vivre.
À travers ce film, je souhaite transmettre le message que Niki a porté toute sa vie.
- Michiko Matsumoto
Des clichés inédits et des images plus récentes, tournées en Europe, en Amérique et au Japon, révèlent la vie et l’héritage de la créatrice multidisciplinaire. Ses portraits et œuvres ont été immortalisés par la réalisatrice japonaise Michiko Matsumoto depuis 1981. Ce documentaire, porté par un regard d’artiste, nous invite à découvrir en profondeur des chefs-d’œuvre tels que le Jardin du Tarot en Toscane (Italie), un ensemble monumental d’œuvres qui a pris plus de 20 ans à se concrétiser.
Mot de réalisation :
La regrettée artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle est aujourd’hui surtout connue pour ses Nanas, ces sculptures féminines hautes en couleur et empreintes d’une énergie vibrante. Comme toutes ses œuvres, elles dégagent une créativité sans limites, animée par une force de vie inépuisable.
J’ai rencontré Niki de Saint Phalle pour la première fois en 1981, lors d’une visite à son domicile, une ancienne auberge de campagne au sud de Paris. Lorsque la porte du bâtiment en pierre s’est ouverte, une femme élancée m’est apparue, un sourire éclatant aux lèvres. Contrairement à ses œuvres dynamiques et imposantes, Niki elle-même était d’une silhouette gracile, dégageant une aura de mystère délicat.
En tant que photographe, j’avais suivi le mouvement de libération des femmes dans les années 1970 au Japon, en Europe et aux États-Unis, et j’avais publié le livre de photographies Women Come Alive. Au début des années 1980, j’ai commencé à réaliser des portraits de femmes artistes à travers le monde. Cette quête personnelle m’a conduit jusqu’à la porte de Niki de Saint Phalle.
Mon intention initiale était de réaliser un simple portrait, mais lorsqu’elle m’a parlé de son projet du Jardin des Tarots, j’ai été fasciné·e par l’ampleur et la fantaisie de son univers. Dès lors, j’ai suivi son travail pendant plus de dix ans, à travers l’Europe.
Pour Niki, les Nanas incarnaient des femmes joyeuses et libres. Mais avant d’atteindre cette apogée colorée, son œuvre a traversé une période empreinte de colère. Ses Tirs, performances radicales du début des années 1960, étaient des actes de protestation contre toutes les formes d’oppression, qu’elles soient politiques ou personnelles. À l’aide d’un fusil, elle tirait sur des assemblages complexes de bois et de plâtre, dans lesquels étaient dissimulées des bombes de peinture et des sacs de pigments, provoquant des explosions chromatiques. En 1963 et 1964, elle a également créé des reliefs figuratifs dénonçant les rôles imposés aux femmes par la société.
À partir du milieu des années 1960, ses sculptures féminines ont commencé à s’épanouir dans des formes plus arrondies, aux contours adoucis et aux couleurs éclatantes. Les Nanas héroïques étaient nées.
Au fil des ans, les Nanas de Niki ont grandi, s’étendant jusqu’à la création de parcs de sculptures, d’aires de jeux pour enfants et d’œuvres cinétiques, comme la Fontaine Stravinsky à Paris.
L’aboutissement de son œuvre architecturale est le Jardin des Tarots, en Toscane, en Italie, un projet qui s’est étalé sur deux décennies. Niki avait découvert le travail d’Antoni Gaudí dans sa vingtaine et avait été profondément inspirée par les espaces emblématiques du Parc Güell à Barcelone. Dès lors, elle rêvait de concevoir son propre jardin de sculptures, un lieu conçu pour traverser le temps, cent ans, voire deux cents ans.
Le Jardin des Tarots est basé sur les 22 arcanes majeurs du tarot. Son ambition était d’offrir aux visiteurs un espace où déambuler et se laisser imprégner par les récits symboliques incarnés par ces figures archétypales de l’expérience humaine.
Lorsque j’ai visité le Jardin des Tarots en 1985, Niki s’était installée dans L’Impératrice, une sculpture monumentale qui lui servait à la fois d’atelier et de maison durant cette période de travail intense. L’une des imposantes poitrines de la figure était sa chambre à coucher : elle dormait littéralement bercée dans le sein de la féminité divine.
En 1986, j’ai publié un livre de photographies consacré à Niki de Saint Phalle et organisé plusieurs expositions de ses portraits. Quelques années plus tard, alors que j’approchais de la soixantaine, je me suis interrogé·e sur ce que je n’avais pas encore accompli. Parmi mes aspirations, l’une des plus vives était de voir le Jardin des Tarots dans son état final. Ce désir a été l’un des moteurs de ce film.
J’ai ainsi pu filmer Les Trois Nanas à Hanovre, Le Dragon en Belgique, la Fontaine Stravinsky à Paris, le Jardin des Tarots en Italie, ainsi que certaines des dernières œuvres de Niki à San Diego et à Hanovre.
J’ai également eu la chance de rencontrer des personnes proches de Niki : son arrière-petite-fille, son galeriste, la commissaire de son exposition rétrospective, un collectionneur, ainsi que sa petite-fille, aujourd’hui administratrice de la Niki Charitable Art Foundation.
Tout au long de sa vie, Niki de Saint Phalle nous a invité·es à entrer dans l’espace vaste et vibrant de son imaginaire, avec une liberté d’expression artistique sans entraves. Encore aujourd’hui, à travers son œuvre, elle nous enseigne la joie pure de la création, la joie de vivre.
À travers ce film, je souhaite transmettre le message que Niki a porté toute sa vie.
- Michiko Matsumoto
Autre festival :
The Vancouver International Film Festival, Canada (2024)
The Vancouver International Film Festival, Canada (2024)
Réalisation | Michiko Matsumoto |
Direction de la photographie | Michiko Matsumoto |
Montage | Takeshi Ikeda |
Son | Izumiko Aoyagi |
Présent sur ces collections
Séances
• Musée national des beaux-arts du Québec
Mercredi 19 mars 2025, 10:30 — 12:00
• Cinéma du Musée - Auditorium Maxwell-Cummings
Vendredi 21 mars 2025, 17:15 — 18:48
Réalisation
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Michiko Matsumoto
Disponible en anglais seulement
Michiko Matumoto is a filmmaker, photographer, essayist, currently based in Tokyo. Born in Shizuoka Pref. Japan in 1950. Received her degree in Japanese literature from Hosei University. Began working as a freelance photographer in 1970. Presented her first solo exhibition ”Yoko Ono in New York” in 1974 Published her first book of photographs “Women come Alive” in 1978. Started in the 1980s with several series of artist portraits living in various countries and principal dancers of major dance companies. She has published 15 books of photography. Her works are in the collection of museums internationally, such as Bibliotheque Nationale in Paris, Shanghai Art Museum in China and The National Museum of Modern Art Tokyo. Michiko Matsumoto first met Niki de Saint Phalle in 1981. She was aware of Niki’s work and went to visit her house in the suburbs of Paris. Even since Matsumoto continued to photograph the artist and her works in across Europe. Published “Portrait of Niki de Saint Phalle” in 1986. Had several exhibitions on Niki in Japan. At MoMA PS1, they showed her photographs of Niki in 2021 at “Niki de Saint Phalle” exhibition. When Matsumoto’s thoughts turned to things she had not yet accomplished, high on her list was seeing The Tarot Garden in its final stage of completion. That desire led her, in part, to the making film on Niki’s monuments and architectural works. She started filming in 2018 and completed the film “Viva Niki : The Spirit of Niki de Saint Phalle” in 2024.
Notes biographiques fournies par l’équipe de film
Michiko Matumoto is a filmmaker, photographer, essayist, currently based in Tokyo. Born in Shizuoka Pref. Japan in 1950. Received her degree in Japanese literature from Hosei University. Began working as a freelance photographer in 1970. Presented her first solo exhibition ”Yoko Ono in New York” in 1974 Published her first book of photographs “Women come Alive” in 1978. Started in the 1980s with several series of artist portraits living in various countries and principal dancers of major dance companies. She has published 15 books of photography. Her works are in the collection of museums internationally, such as Bibliotheque Nationale in Paris, Shanghai Art Museum in China and The National Museum of Modern Art Tokyo. Michiko Matsumoto first met Niki de Saint Phalle in 1981. She was aware of Niki’s work and went to visit her house in the suburbs of Paris. Even since Matsumoto continued to photograph the artist and her works in across Europe. Published “Portrait of Niki de Saint Phalle” in 1986. Had several exhibitions on Niki in Japan. At MoMA PS1, they showed her photographs of Niki in 2021 at “Niki de Saint Phalle” exhibition. When Matsumoto’s thoughts turned to things she had not yet accomplished, high on her list was seeing The Tarot Garden in its final stage of completion. That desire led her, in part, to the making film on Niki’s monuments and architectural works. She started filming in 2018 and completed the film “Viva Niki : The Spirit of Niki de Saint Phalle” in 2024.
Notes biographiques fournies par l’équipe de film