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Carte Blanche à Concordia - Parcours / Pathways

Carte Blanche à Concordia — Parcours / Pathways

À l’occasion du 50ème anniversaire de l’Université Concordia, le Département de cinéma a accepté l’invitation à une carte blanche en collaboration avec le professeur agrégé Jean-Claude Bustros, spécialiste du cinéma expérimental et interactif. Cette initiative a conduit à la création d’un programme regroupant des œuvres qui explorent diverses facettes du cinéma contemporain et reflètent l’engagement de Concordia envers l’innovation et la créativité.

Mot du curateur :
Au cours des 50 dernières années une dynamique indéniable s’est établie entre Montréal, l’école de cinéma de l’Université Concordia et le cinéma expérimental. Disons-le. Dans les années 1970, le cinéma expérimental ou dit « d’avant-garde » était l’affaire du pôle anglo-saxon et particulièrement des États-Unis. Ce n’est sans doute pas étonnant qu’une nouvelle école de cinéma dans une université anglophone avec quelques professeurs venant des États-Unis introduise alors un curriculum tourné vers l’avant-garde américaine. Un cours en particulier : Experimental Cinema du professeur Mario Falsetto aura un impact indéniable.
Outre son influence générale sur le programme, le cours Experimental Cinema fut le déclencheur pour de nombreux artistes expérimentaux qui feront leur marque localement et internationalement. Je m’inclus dans ce groupe, mais je pense aussi à Lysanne Thibodeau, Peter Sandmark, François Miron, Mark Nugent, Karl Lemieux, Louise Bourque, Nancy Baric pour n’en nommer que quelques-un·es.

Le programme proposé ici ne prétend pas être un regard exhaustif sur 50 années de cinéma expérimental à Concordia/​Montréal. Il s’agit plutôt d’une série d’impressions ou de moments. Chaque film proposé pose un jalon de cette trajectoire.

On commence avec Mongoloid de Bruce Conner qui capture tellement bien les débuts de l’école. Plusieurs générations d’étudiant·es de cette époque se rappelleront ce film irrévérencieux, alliant la musique du groupe conceptuel Devo à des images de propagande et corporatives des années 1950 pour déconstruire la normativité sociale dominante à cette époque.

Bad Blood for the Vampyr de Lysanne Thibodeau, Montréalaise, diplômée de l’école de cinéma au début des années 1980, pionnière et figure emblématique de l’underground à cette époque, a été réalisé lors de sa période Berlinoise qui a débuté tout juste après ses études à Concordia. Berlin, avant la chute du mur…

Les films de Cécile Fontaine (France), du groupe Schmelz Dahin (Allemagne) et de Martin Arnold (Autriche) introduisent le pôle européen qui s’est développé tout au long de la fin des années 1980 puis des années 1990 et qui représente les expérimentations techniques que cette école européenne a apportées à la pratique. C’est par l’entremise de diplômé·es de Concordia qui formaient la COOP de production Main Film, dès le début des années 1980, que ces films arrivent à Montréal, par le biais des « Cinq jours du Cinéma Indépendant » évènement organisé par Main Film au Cinéma Parallèle. Mais il y a aussi la collaboration de Main Film et des Foufounes électriques grâce à laquelle le groupe Schmelz Dahin est invité à Montréal pour créer des films expérimentaux en direct sur la piste de danse des Foufounes. Il est à noter que le film présenté ici : Stadt in Flammen utilise un segment du film action/​catastrophe américain City on Fire, tourné à Montréal dans les années 1970.

Stan Brakhage est sans doute un des artistes les plus influents du cinéma expérimental et l’école de Cinéma de Concordia a toujours entretenu une relation particulière avec son œuvre et avec lui personnellement. En 2001, suite à l’invitation de la Cinémathèque Québécoise, il vient à Montréal et en profite pour faire une visite à l’école où il présentera certains de ses films à un petit groupe d’étudiant·es. Ce fut sans doute l’une de ses dernières apparitions publiques. Il meurt un an plus tard.

Louise Bourque est une autre « pionnière » qui marque le paysage de la création expérimentale. Elle était à Concordia au début des années 1990. Active jusqu’à ce jour, son œuvre est unique et sa longévité est remarquable. Son travail est profondément intimiste, riche et texturé et dédié à la matérialité du support argentique comme le révèle L’éclat du Mal / The Bleeding Heart of it présenté dans ce programme.

Le film Ville Marie d’Alexandre Larose occupe une place particulière ici, car c’est par ce film tour de force que s’exprime le mieux à mon avis cette dynamique Concordia/​Montréal/​Cinéma expérimental. Tout le monde sait que Fort Ville Marie est le site géographique qui deviendra Montréal et qui est actuellement le coeur du centre-ville de Montréal. C’est aussi dans cet arrondissement que se trouve la tour de la place Ville Marie où les images du film furent captées. Alexandre Larose a produit ce film en bonne partie lors de son parcours à l’école de Cinéma au début des années 2000.

Finalement, bien que Karl Lemieux ne soit pas un diplômé de Concordia, celui-ci a brièvement fréquenté l’école avant de décider de poursuivre son chemin ailleurs. Néanmoins, le rayonnement de son travail dès les années 2000 jusqu’à ce jour et son rôle dans l’émergence du groupe Double Negative en complicité avec Daichi Saito, un autre « concordien », sont d’une importance capitale pour l’essor de la création expérimentale à Montréal.
- Jean-Claude Bustros

Jean-Claude Bustros est professeur/​chercheur à l’école de Cinéma Mel Hoppenheim. Il est connu pour avoir réalisé quelques œuvres marquantes du cinéma expérimentale québécois dont La Queue Tigrée d’un Chat comme un Pendentif de Parebrise, Zéro Gravité et Rivière. Ces films ont été inclus dans plusieurs rétrospectives, notamment celle du Centre George Pompidou intitulée, Les cinémas du Canada et ont largement circulé sur la scène internationale grâce au distributeur parisien Light Cone. À Concordia, celui-ci mène des recherches en collaboration avec des informaticiens pour le développement de systèmes intelligents applicables au cinéma.

Bruce Conner — Mongoloid (1978, États-Unis, 4′)
Lysanne Thibodeau — Bad Blood for the Vampyr (1986, Canada 20′)
Cécile Fontaine — Cruises (1989, France, 7′)
Schmelz Dahin - Stadt in Flammen (1984, Allemagne, 5′)
Martin Arnold — Pièce touchée (1989, Autriche, 15′)
Stan Brakhage — Lovesong #3 & #4 (2001, États-Unis,11′)
Louise Bourque — L’éclat du Mal (2005, Canada, 8′)
Alexandre Larose — Ville Marie (2009, Canada,12′)
David Bryant et Karl Lemieux — Ondes et silences (2015, Canada, 14′)

Présent sur ces collections

Séance

• Université Concordia - J.A. de Sève, LB-125, Pavillon J. W. McConnell
Vendredi 21 mars 2025, 20:00 — 21:36
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