Le partage

Lors d’une soirée de gala, un acteur connu craque sous la pression, taraudé par les pensées incisives de son double vampirique. Objet cinématographique non-identifié, adapté de la pièce de théâtre du même nom, Le Partage met en images, sons et animations le monologue tranchant de l’acteur et dramaturge québécois Emmanuel Schwartz.

Emmanuel Schwartz dévoile les cicatrices, les brûlures de cigarette et les abysses de sa peau d’artiste médiatisé à l’ascension fulgurante. Une peau trouée qui prend l’eau. La chute du jeune prodige est légendaire, et pourtant on s’y voit : une foule aussi vaste qu’un océan nous acclame, on cueille les étoiles à même le ciel, puis notre cœur se fracasse, la drogue, toutes les drogues, pour colmater les fissures, les mensonges nauséabonds aux êtres aimés, se réveiller dans un avion, une limousine, un gala, une ruelle, on ne sait plus, l’isolement, la haine de soi, l’argent qui brûle les doigts. Comme dans les cercles anonymes pour soigner les dépendances, nous, spectateurs et spectatrices, sommes pris à témoin et faisons partie du processus de guérison. Offrirons-nous à ce beau poète maudit notre absolution ?
Jeu de confidences crypté, examen autoréflexif, auscultation d’une autodestruction programmée. Ce récit de dérapage zéro contrôlé nous est livré sous forme de conte pour ne plus jamais dormir. L’acteur, somnambule et funambule, y avance sans filet, un pas à la fois, sur la vertigineuse ligne de l’autofiction

En présence du réalisateur Emmanuel Schwartz le 23 mars 2024 à l’Université Concordia — J.A. de Sève à Montréal

Mot de réalisation

Je questionne notre façon de faire du cinéma. En adaptant mon texte de théâtre pour l’écran, j’ai compris que je questionnais aussi notre façon de faire du théâtre. Au fond, je questionne notre manière d’être artiste. Le Partage est certainement un objet cinématographique non identifié et exigeant, à mi-chemin entre récitatif durassien, captation théâtrale et film de genre qui n’est pas facile d’approche mais qui m’a permis d’avancer dans une réflexion qui se construit, oeuvre par oeuvre, écrit par écrit et film par film, sur le chemin d’une expérimentation réjouissante. Dan Pink dit ​“Writing is an act of discovering what you think and what you believe.”, j’ajouterais que pour moi, la création est un moyen de découvrir ce que je veux être et ce que je veux voir, en somme, de mieux comprendre tout le travail qu’il me reste à faire.

- Emmanuel Schwartz