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Mark Rothko, la peinture vous regarde

Première nord-américaine

Mark Rothko, la peinture vous regarde

Pascale Bouhénic

France | 2023 | 52 min
Français |
Sous-titres : Anglais
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Alors que la Fondation Louis Vuitton de Paris présente actuellement la première rétrospective dédiée au peintre américain Mark Rothko en France depuis 24 ans, ce film retrace la trajectoire insaisissable de cette légende de l’art du 20e siècle. Emplie de couleurs, de sensualité, de drames et d’émotions, la peinture de Rothko se révèle avec éclat dans un subtil portrait du maître américain de l’expressionnisme abstrait.

Mot de réalisation

En décembre 2017, j’ai eu l’occasion très exceptionnelle d’aller filmer aux États-Unis la chapelle de Houston, conçue avec les panneaux noirs de Mark Rothko. Le peintre américain (né en Russie en 1903, et mort aux États Unis en 1970) signait là, en 1964, l’une de ses dernières œuvres, terriblement impressionnante. L’enjeu de filmer le noir, et de rendre compte d’une peinture qui sans cesse évolue dans la perception ont été une expérience de spectatrice, tout autant qu’une réflexion sur la façon de filmer ces peintures. Il s’agissait, dans ce film, dédié aux Nymphéas de Monet, de faire un bond du côté des Américains pour mettre en lumière l’héritage de Monet en Amérique. Ces panneaux de Rothko qui, comme les Nymphéas créent un espace, auront durablement impressionné ma rétine. A présent que je me plonge plus directement dans l’œuvre de Rothko, je comprends que dans cette chapelle sont mises en place les conditions de vision que le peintre souhaitait exactement pour ses tableaux. Et que la chapelle est l’aboutissement de l’art de Mark Rothko.

De la vie de Rothko nous pouvons voir avec une belle clarté la grande et la petite histoire dialoguer. La politique américaine, les conséquences de la Seconde guerre, l’extermination des Juifs qui a un impact si crucial sur Rothko, sont là ; les expressionnistes abstraits, les surréalistes d’Europe, les « provincialistes » américains jouent un rôle aussi. Dans cet entrelacement, les origines du Russe Rothko (Rothkowitz) sont impossibles à démêler.

D’après les témoignages de ses amis proches, le souvenir de son pays de naissance, et son lien au judaïsme ne se sont jamais effacés de sa mémoire. L’histoire de Rothko est faite de ce dialogue constant entre des données personnelles, et l’histoire artistique et politique du pays d’adoption, l’Amérique. Tradition et modernité sont inséparables.

D’ailleurs Rothko s’est inscrit dans un groupe d’artistes qui a fait la modernité américaine, mais en même temps, à plusieurs reprises, il s’en est détaché. La position de Rothko est unique : il est un peintre philosophe, qui considère que la peinture véhicule des idées, mais ces idées ne s’expriment pas seulement avec les figures ou les symboles (qu’il a pu d’ailleurs représenter dans sa jeunesse), elles émanent dans la peinture abstraite par la dimension matérielle de sa peinture. On peut donc voir en Rothko une sorte de chimiste, ou de pharmacien comme l’était son père : la pâte colorée doit produire un effet. Il faut donc toujours revenir à la matière car c’est elle qui permet d’inventer le monde des idées. Les peintures sont un lieu où se tenir, un lieu où penser. Et Rothko fait cette proposition incroyable dans l’histoire : une fois le tableau achevé, il doit entrer dans un monde qui doit pouvoir l’accueillir. Telle est la responsabilité de l’artiste. Et la vie de l’artiste Rothko se joue là.

- Pascale Bouhénic



Aussi présenté :
Fondation Louis Vuitton, France (2023)
Réalisation Pascale Bouhénic
Complice à la réalisation Lea Torreadrado
Production Judith Matheron, Florent Péridont
Documentaliste Marie-Hélène Barberis
Montage Anouk Zivy
Montage son Laurent Herniaux
Etalonnage Eric Salleron
Son Laurent Herniaux, Michel Kaptur
Mixage Laurent Herniaux
Image Raphaël O’Byrne
Création graphique Julian Bouhénic
Musique Benjamin Pras

En partenariat avec

Séances

• Musée McCord Stewart
Samedi 16 mars 2024, 20:00 — 21:15
• Musée national des beaux-arts du Québec - Auditorium Sandra et Alain Bouchard du Pavillon Pierre Lassonde
Mercredi 20 mars 2024, 13:30 — 15:30
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Réalisation

Pascale Bouhénic

Pascale Bouhénic

Spécialiste du film d’art, particulièrement des XIXe et XXe siècle, desquels elle propose toujours des lectures d’une grand modernité, Pascale Bouhénic est notamment la réalisatrice pour Arte de Gustave Doré, de l’illustrateur à l’artiste ; de Jean de La Fontaine, l’homme qui aimait les Fables ; de Chercheurs d’orgues, (90’) autour de la musique d’orgue et des langues européennes pour Arte. Pour France 5, elle réalise Guillaume Apollinaire, l’élan créateur et Le dernier Monet, les Nymphéas et l’Amérique. Par ailleurs, elle a mené une série de documentaires (14 films) avec les plus grands historiens de l’art contemporains (Un œil, une histoire). Également écrivaine, ses livres sont édités par Gallimard.

Notes biographiques fournies par l’équipe du film
Quelques films :
Chercheurs d’orgue (2022)
Jean de la Fontaine, L’homme qui aimait les fables (2021)
James Tissot, L’étoffe d’un peintre (2020)
Le Dernier Monet, Les Nymphéas et l’Amérique (2017)
Guillaume Apollinaire, L’élan créateur (2016)

Dans les mêmes séances

Musée national des beaux-arts du Québec - Auditorium Sandra et Alain Bouchard du Pavillon Pierre Lassonde

Mercredi 20 mars 2024, 13:30

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