Le FIFA remet son prix hommage au Beirut Art Film Festival

Le Festival International du Film sur l’Art (Le FIFA), a le plaisir d’annoncer qu’il remettra, dans le cadre de sa 41^e édition, un Prix hommage au Beirut Art Film Festival, un exemple de courage et de détermination pour tous les acteur·trice·s culturel·le·s.

Depuis sa création en 2014, le Beirut Art Film Festival, en plus de sa vocation de célébration et de promotion de la création artistique, s’engage concrètement pour la défense des droits humains, des patrimoines culturels et de la liberté d’expression. Inscrit dans une ville martyre et meurtrie qui reste un foyer d’une activité culturelle intense, le BAFF continue de porter haut la voix des artistes libanais qui côtoient en permanence la mort, la folie, la douleur, l’incertitude… avec toujours, la foi dans un avenir meilleur.

Alice Mogabgab, directrice du Beirut Art Film Festival, recevra le Prix hommage du FIFA le 15 mars prochain à partir de 17h dans le cadre des activités professionnelles de la 41^e édition du FIFA. 

« C’est à Montréal, en mars 2014, que j’ai découvert Le FIFA et sa pléiade de films sur l’art. Dix jours durant, j’allais être interpellée, bouleversée, bousculée, mais surtout portée par la magie du cinéma et le regard pertinent de réalisateurs d’exception. Dix jours durant, de salle en salle, je consommais sans modération documentaires et discussions, nourrie du sublime de la condition humaine ; l’art. Cet épisode intense et éblouissant n’était pas sans me ramener vers le conte de Lewis Carol : Alice aux pays des merveilles. Des merveilles révélées à Montréal et que j’allais emporter avec moi à Beyrouth, avec la ferme volonté de partager cette mémorable expérience culturelle. » — Alice Mogabgab, fondatrice et directrice du Beirut Art Film Festival (BAFF)

« C’est avec une profonde humilité que le Festival International du Film sur l’Art décerne cette année son Prix hommage au Beirut Art Film Festival et à sa fondatrice et directrice artistique. Ce prix souligne l’importance fondamentale des acteurs culturels dans le monde d’aujourd’hui. Malgré la douleur et l’incertitude, le BAFF continue de faire entendre la voix des artistes avec détermination et espoir. En cohérence avec nos valeurs, il était important pour nous de soutenir le BAFF dans son engagement. » — Philippe U. del Drago, directeur artistique et général du Festival International du Film sur l’Art (Le FIFA)

À propos du Beirut Art Film Festival

À l’automne 2014, le Beirut Art Film Festival – BAFF est fondé. À sa tête, une équipe de 6 bénévoles : Michèle Nahas, Maria Chakhtoura, Nadine Mokdessi, Souraya Karam, Alia Karam et moi-même. La première édition voit le jour en novembre 2015 dans les salles de cinéma du Centre Sofil, c’est le succès. Jeunes et moins jeunes étaient au rendez-vous : des salles combles, un public enthousiaste, une aventure qui démarre. Portée par ce premier succès, l’équipe du festival était loin de dormir sur ses lauriers. Elle allait s’activer pour faire du BAFF une plateforme de débat et de partage culturels. Dès 2016 le festival allait sortir de Beyrouth pour s’offrir aux universités et aux centres culturels dans les régions libanaises. En 2017, le programme BAFF @ School était lancé. 

En 2018, 14 centres culturels dans les régions, 16 campus universitaires, 1000 écoles privées et publiques accueillaient le festival. Mais un sentiment d’inquiétude et d’insécurité préoccupait la jeunesse ; le BAFF y répond avec des films sur le patrimoine, la mémoire collective et l’identité. Dès son annonce, la 5^e édition est réduite puis reportée en raison de la crise économique en gestation et qui allait éclater le 17 octobre 2019. Les révoltes populaires se propagent à travers le pays. La colère gronde. Les routes sont coupées, les universités, les écoles et les centres culturels sont fermés… Un vent de changement souffle sur le pays. Mais la junte politique au pouvoir s’accroche et plonge le Liban dans la faillite et le chaos. 

La pandémie du Covid 19 contraint la population au confinement, elle vide les rues et les places, offrant aux forces répressives du pouvoir et aux banques barricadées une voie royale vers le désastre annoncé. Le 4 août 2020, la double explosion du port de Beyrouth fait un carnage : plus de 200 personnes innocentes sont tuées, plus de 6.000 blessées, plus de 300.000 déplacées et un paysage apocalyptique. Ce crime parfait est monstrueux. Les Libanais sont dévastés, ils portent le deuil et pleurent à la fois leurs morts et leur pays fracassé. 

Dans ce champ de ruines, de sang et de larmes, l’espoir devenait impossible. Les conditions de vie et de travail imposées par le pouvoir, piégé dans sa corruption, finissent par détruire l’État et mettre la population à genou. Mais l’histoire du Liban nous apprend que capituler est impossible. Survivre c’est résister, se reconstruire c’est s’affirmer.

En cette année 2020 marquée par la pandémie, alors que le monde célébrait virtuellement le 250^e anniversaire de Ludwig van Beethoven, à Beyrouth, l’Hymne à la joie du compositeur allemand allait lancer la 6^e édition du festival, en présentiel, bravant les interdits. Placée sous les signes de la continuité et de la détermination, cette renaissance du BAFF inaugurait la saison culturelle. Depuis, le festival revient chaque novembre en salle et chaque mois en ligne organisant, avec le soutien de ses fidèles partenaires culturels et sponsors, projections, rencontres et performances artistiques. 

Parce que « L’art, c’est ce qui résiste : il résiste à la mort, à la servitude, à l’infamie, à la honte », comme l’affirmait Gilles Deleuze, le BAFF demeurera une plateforme culturelle engagée dans la préservation de la liberté, de la dignité et de la tolérance.