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Mot de la direction artistique

FLEUR 42

Le FIFA42e édition

Vivez la 42e édition en salle du 14 au 24 mars 2024 et en ligne du 22 au 31 mars 2024 !

Le Festival International du Film sur l’Art (Le FIFA) tiendra sa 42e édition à Montréal et à Québec du 14 au 24 mars prochains en salle et du 22 au 31 en ligne. Architecture, photographie, peinture, théâtre, cinéma, danse, musique… Le plus important festival du film sur l’art vous émerveillera à nouveau avec des œuvres éclectiques d’ici et d’ailleurs, qui satisferont autant les cinéphiles les plus aguerris qu’un public plus large à la recherche de découvertes culturelles et artistiques en tout genre. En plus de cette programmation, assistez également à nos événements spéciaux comme nos projections en extérieur, nos rencontres professionnelles, nos fêtes et plus encore.

Billetterie

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Mot du directeur général et artistique, Philippe U. del Drago

En 2024, la moitié de la population mondiale en âge de voter sera appelée aux urnes, marquant ainsi une première dans l’histoire depuis la création du suffrage universel.

Il est temps de s’occuper de l’avenir que nous souhaitons créer.

La programmation de la 42e édition du Festival International du Film sur l’Art se penche sur les perspectives d’avenir à travers le regard des cinéastes et artistes invité·e·s. Plus de 160 films issus de plus de 45 pays seront projetés, y compris 71 films canadiens, dans divers lieux tout au long des 10 jours du festival. À travers cette programmation riche, diversifiée et ambitieuse, réfléchissons aux choix qui s’offrent à nous.

Un monde numérique
Le 42e FIFA s’ouvre avec Obvious, hackers de l’art où l’on découvre le début de carrière du collectif français, qui a connu une renommée mondiale instantanée lors de la vente de la première pièce générée par IA chez Christie’s pour 432 500 $ en 2018. Record absolu. Alors que la fascination pour les intelligences artificielles génératives n’en est qu’à ses débuts, déjà certaines formes hier adulées sont aujourd’hui délaissées. Par exemple, What the Punk suit le feu de paille des Cryptopunks, qui ont généré plusieurs centaines de millions de dollars.

Si l’utilisation de ces technologies constitue un raz-de-marée dans le monde de l’art et de la création, elles sont également utilisées pour imaginer notre demain. Dans le film de Liam Young, The Great Endeavor, découvert à la Biennale de Venise en architecture cette année, l’artiste rend tangible le plus grand projet de l’humanité : la capture et le stockage souterrain du dioxyde de carbone généré par l’Humanité à l’échelle de la gigatonne ; les deux installations de l’artiste montréalais Vincent Charlebois, accessibles gratuitement à la Place Ville Marie et aux abords du métro Saint-Laurent, nous invitent à réfléchir sur le rapport entre la technologie et notre expérience de la nature, que ce soit à travers la déforestation de l’Ouest canadien ou le paysage urbain de Montréal.

Alors que des technologies dégagent d’importantes émissions de carbone pour générer des contenus, les dérèglements climatiques déferlent sur nos écrans ultra-connectés.

La conscience de la Nature
Nous présentons un programme de films d’artistes commissarié par Pascale Pronnier et Louise Déry, respectivement du Studio Le Fresnoy et de la Galerie de l’UQAM, autour du regard que nous portons sur les forêts tantôt bucoliques, pittoresques, sublimes, romantiques, sacrées, patrimoniales ou menacées ; Strijdom van der Merwe utilise les matériaux forestiers en Afrique australe pour créer des œuvres de land art époustouflantes ; dans La Ricerca on découvre l’artiste italien Luigi Lineri qui a minutieusement rassemblé pendant six décennies une vaste collection de pierres trouvées dans les montagnes de la Lessinia ; !AITSA tisse le lien entre la construction d’un radiotélescope colossal et les vastes étendues désertiques du Karoo en Afrique du Sud habitées depuis des siècles par des peuples autochtones. Le territoire inspire, nourrit et fournit les matériaux qui permettent à la création d’émerger ; Green Over Gray : Emilio Ambasz explore la révolution de l’architecture verte à travers les projets phares d’Emilio Ambasz, un pionnier dans le débat sur l’impact climatique.

Les regards féminins
Cette année, plus de la moitié des films que nous présentons sont réalisés ou coréalisés par des femmes. Changer de perspective sur le monde est aujourd’hui fondamental : la programmation Regards de femmes commissariée par l’Institut du monde arabe met à l’honneur des réalisatrices issues de plusieurs pays arabes (Arabie saoudite, Liban, Maroc, Palestine) et également de l’Iran. Nous rendons aussi un hommage à Manon Labrecque, décédée à la fin de l’été 2023. Commissarié par Nicole Gingras, ce programme propose un parcours à travers les 30 années de recherches et d’inventions d’une artiste majeure de la vidéo et des arts médiatiques. Aussi, nous contribuons aux célébrations du 100e anniversaire de Marcelle Ferron, artiste automatiste et signataire du Refus global, lors du colloque État de la recherche et héritage ; dans Ourse bleue, on découvre l’autrice, peintre, poétesse, sculptrice et conteuse, Virginia Pésémapéo Bordeleau. Née d’une mère crie, elle porte l’essence même d’une réconciliation, avec nous-mêmes, avec un métissage qui est en lui-même synonyme de territoire ; enfin, The 9 Lives of Barbara Dane nous plonge dans l’existence tumultueuse de la chanteuse de blues, jazz et folk. Aujourd’hui âgée de 96 ans, Dane a marqué les mouvements de justice sociale du 20e siècle grâce à sa voix puissante et ses convictions inébranlables.

Le pont avec ses origines
Cette année, plusieurs cinéastes se penchent sur les artistes et leur filiation. An Owl, a Garden and the Writer est un fascinant portrait du romancier iranien Mahmoud Dowlatabadi dressé par sa fille Sara ; la réalisatrice ukraino-israélienne Margarita Linton cherche à combler le fossé avec son père distant dans The Artist’s Daughter ; dans Bon voyage, la réalisatrice française Karine Birgé offre un récit touchant sur la décision de sa grand-mère de quitter la France pour recevoir l’aide médicale à mourir en Belgique à l’âge de 102 ans ; dans The Mies van der Rohes – A Female Family Saga, Sabine Gisiger dresse le portrait de l’architecte à travers les yeux des femmes qui l’ont entouré ; Eneos Carka trouve refuge dans les souvenirs qu’il a créés avec sa fille à qui il n’a pas parlé depuis des années dans The Silence of The Banana Trees.

La résistance
Trois films présentent des portraits d’artistes dissident·e·s russes : Pussy Riot, Rage Against Putin, Crash Test (sur l’artiste controversé Piotr Pavlenski) et Queendom, magnifique film sur Gena Marvin, artiste de performance queer originaire de l’extrême est de la Russie. Aussi, un immanquable de cette édition, Dancing on the Edge of a Volcano, documente le tournage du film Costa Brava, Lebanon, réalisé par Mounia Akl et tourné au lendemain de l’explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en août 2020 alors que la COVID, la récession et les manifestations sévissent. Continuer ou arrêter ?

La musique classique
Une nouvelle génération prend d’assaut les scènes internationales. Nous vous proposons un duo de films autour de la production de Roméo et Juliette de Charles Gounod à l’Opéra national de Paris : un documentaire sur la mise en scène de Thomas Jolly, qui dirigera la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 puis une captation exceptionnelle dudit opéra ; le prodigieux Klaus Mäkelä, chef d’orchestre finlandais, se confie à la caméra de Bruno Monsaingeon ; une expérience de concert visuel avec la soprano Suzie LeBlanc : Mouvance propose une réflexion profonde sur l’exil et le déracinement en terre acadienne. Le concert s’appuie sur le poème de Gérald Leblanc ainsi que sur des textes acadiens contemporains, mis en musique par Jérôme Blais et habillés par une série de six courts-métrages produits par Renée Blanchar et réalisés par différent·e·s cinéastes acadien·ne·s.

La danse
La danse a, année après année, une place de choix au FIFA. Un immanquable de cette édition est sans contredit Call Me Dancer, récompensé dans un nombre impressionnant de festivals, qui retrace l’histoire de Manish, un danseur de rue de Mumbai qui rêve de devenir professionnel malgré l’opposition de ses parents ; Dancing Free offre une plongée fascinante dans le monde de la chorégraphie contemporaine à travers le travail de Virginie Brunelle (Canada), Annie Hanauer (États-Unis) et Lea Moro (Suisse); La Nuit de la danse réunit les plus grands talents d’aujourd’hui pour une séance exceptionnelle au Théâtre Outremont : Mistaya Hemingway, Kaveh Nabatian, Hofesh Shechter, Vickie Grondin, Marlene Millar, Laetitia Demessence, Cécile Rogue, Clara Rodríguez Arasanz, Loup-William Théberge et bien d’autres vous offrent leurs dernières créations sur (très) grand écran.

La fierté
Une collection de films nommée Fier·e·s met de l’avant des artistes des communautés 2ELGBTQIA+. Cette collection permet de (re)découvrir la réalisatrice américaine Dorothy Arzner, pionnière du cinéma dans les années 20, avant l’ère du parlant, seule femme réalisatrice à Hollywood entre 1927 et 1943. Ses films sont aujourd’hui restaurés par Francis Ford Coppola et Jodie Foster, alors qu’elle demeure encore largement oubliée ; de la même époque, Loïe Fuller a inventé un tout nouveau genre de spectacle combinant danse, lumière, tissu et mouvement de manière inédite ; George Platt Lynes est un photographe américain dont le travail sur la nudité masculine ne fait que commencer à être apprécié pour la révolution qu’il représente ; Leon, performeur polonais âgé de soixante ans et petit ami de Manfred Thierry Mugler, s’immerge dans des performances physiques intenses et flamboyantes ; le fantastique Baby Queen offre une perspective poignante sur les réalités queers à Singapour à travers la vie d’Opera Tang ; film d’ici, Lyne Lapointe — L’art et la matière reflète l’emprise de l’art sur sa vie. Lesbienne et féministe, son travail démontre la difficile place de la femme dans la société et dans le milieu de l’art ; enfin, une carte blanche sur le thème des explorations intimes est donnée au réalisateur Khoa Lê.

Le court
Laboratoire d’expérimentations, laboratoire de la relève, exercice cinématographique périlleux, le court-métrage se verra en grand à l’Université Concordia. Cette nuit polyphonique est le fruit d’une sélection de films qui vous transporteront aux quatre coins du monde, du Mexique à la Corée du Sud, en passant par la Suisse, la Grèce, l’Italie, l’Australie, Singapour, le Canada et bien d’autres destinations. Avec notamment des films de Laura Bari, Mathieu Fortin, Sasha Theodora, Filémon Brault-Archambeault, Emilie Racine, Katherine Knight, Anthony Von Seck, Robin Pineda Gould, Jules de Niverville et Marc Kandalaft.

Aussi, une séance très spéciale, commissariée par Andreina Aveledo, explore en courts-métrages une mode qui incarne des siècles de techniques, de traditions, de savoir-faire, des croyances et du folklore enfin. Une mode qui émerge des rues périphériques, mais qui se réplique dans les passerelles de la haute couture à Paris ou à New York.

L’architecture, l’urbanisme et le design : (re)construire le monde
Les films d’architecture portent en eux la question du choix : pour qui construisons-nous ? Du Corbusier (The Power of Utopia — Living with Le Corbusier in Chandigarh) à Roger Zmekhol (Skin of Glass, réalisé par sa fille, Denise Zmekhol), les architectures interrogent l’espace habité par leurs propres occupant·e·s ; dans le fascinant Rehab (from rehab) Louise Lemoine confronte ses souvenirs traumatisants à l’expérimentation exceptionnelle menée au REHAB Bâle par les architectes suisses Herzog & de Meuron ; produit par le Centre Canadien d’Architecture, Where We Grow Older examine en quoi la croissance démographique vieillissante remodèle les constructions architecturales et sociales, ainsi que le rôle du design urbain et de la politique face à ces défis ; à Hong Kong, In The Mood for Art nous fait découvrir le Musée M+, conçu par les architectes suisses Herzog & de Meuron, et examine l’apport de la construction de ce nouveau musée au débat sur l’avenir de la ville, dévoilant une nouvelle génération d’artistes et offrant une perspective inédite sur cette métropole à la recherche de son identité ; enfin, The Cathedral dépeint la destinée unique d’un moine espagnol, qui, expulsé de son monastère pour non-conformisme, entame la construction d’une cathédrale, par ses propres moyens et sans expertise architecturale.

Le potentiel de l’espace urbain est exploré magistralement dans Ghosts of Baggotonia qui dépeint l’esprit rebelle de Baggot Street à Dublin au milieu du 20e siècle. Baggotonia était à la fois une zone et un mouvement culturel, peuplée d’écrivain·e·s, d’artistes, d’excentriques et d’autres intellectuel·le·s menant une vie anarchique en contradiction avec les mœurs conservatrices de l’époque. Inspiré par les photographies de Nevill Johnson, le film s’appuie entre autres sur les écrits de Patrick Kavanagh, Samuel Beckett, Flann O’Brien et Brendan Behan.

Portraits d’artistes
Chaque année Le FIFA propose de (re)découvrir des artistes : Mark Rothko, Brancusi, Van Gogh, Patrice Chéreau, Catherine Deneuve, Lars Eidinger, Edward Hopper, Johannes Vermeer… Mais aussi Ricardo Cavallo dans la lentille de Barbet Schroeder, le vertigineux sculpteur uruguayen Pablo Atchugarry, l’écrivain du Nouveau-Brunswick David Adams Richards, le peintre de Terre-Neuve Clifford George ou encore le romancier québécois Gaétan Soucy.

Entre autobiographie et autofiction, Le partage d’Emmanuel Schwartz est un objet cinématographique non-identifié, adapté de la pièce de théâtre du même nom. Il y présente un comédien estimé qui remonte les fils épars de sa vie brisée, reconstruisant son identité à travers les points de vue contradictoires des témoins de sa chute. S’ensuit un jeu de confidences crypté, un examen autoréflexif, l’auscultation d’une auto-destruction programmée.

Pour finir
Sisyphe de Victor Pilon clôturera la 42e édition. Muni d’une simple pelle, il accomplit l’inimaginable en déplaçant 300 tonnes de sable en plus de 180 heures de performance en plein cœur du Stade olympique de Montréal. Inspiré par Le Mythe de Sisyphe d’Albert Camus, ce tour de force acclamé nous rappelle que derrière chaque tragédie humaine se profile un voyage aussi libérateur que salutaire.

C’est peut-être bien ici que se trouve notre ultime choix.