Mot de la direction artistique
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Le FIFA – 43e édition
Vivez la 43e édition en salle du 13 au 23 mars 2025 et en ligne du 21 au 30 mars 2025 sur la plateforme ARTS.FILM !
Le Festival International du Film sur l’Art (Le FIFA) tiendra sa 43e édition à Montréal et à Québec du 13 au 23 mars prochain en salle et du 21 au 30 mars en ligne. Architecture, photographie, peinture, théâtre, cinéma, danse, musique… Le plus important festival du film sur l’art vous émerveillera à nouveau avec des œuvres éclectiques d’ici et d’ailleurs, qui satisferont autant les cinéphiles les plus aguerris qu’un public plus large à la recherche de découvertes culturelles et artistiques en tout genre. En plus de cette programmation, assistez également à nos événements spéciaux comme nos projections en extérieur, nos rencontres professionnelles, nos fêtes et plus encore.
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Mot du directeur général et artistique, Philippe U. del Drago
“La rébellion artistique est nul doute la plus saine, la plus tonique qui soit. Se cambrer contre l’ordre établi, les conventions sociales et l’idéologie dominante ne peut que déclencher des retombées positives. Car la révolte de l’artiste ne conduit-elle pas indéniablement à l’acte créateur ? Par bonheur, l’esprit de sédition porte fruit.”
René Rozon, Fondateur du FIFA (1999)
À nous le monde
Quatre mots. Une déclaration. Peut-être même un défi.
Car en 2025, le monde semble plus insaisissable que jamais. Entre chaos et fractures, les récits qui façonnent notre époque oscillent entre l’incertitude et l’urgence. Les crises se succèdent, les vérités vacillent, et face à l’immensité du réel, un sentiment d’impuissance pourrait s’installer.
Mais si le monde nous échappe, alors reprenons-le. Non pas comme une conquête, mais comme une réinvention. Ouvrons des brèches, interrogeons l’ordre établi, reformulons ce qui semblait figé. L’histoire nous l’a enseigné : c’est au cœur des bascules que naissent les visions, que de nouveaux récits fleurissent, que la création devient plus essentielle encore. Et qui mieux que les artistes pour esquisser de nouveaux possibles ?
À travers cette 43ᵉ édition du Festival International du Film sur l’Art, nous vous invitons à une exploration — un voyage à travers les formes, les regards, les résistances. Des œuvres du présent, bien sûr, mais aussi des dialogues avec l’Histoire, car penser demain, c’est aussi comprendre hier. De l’intime au politique, de l’abstraction à l’engagement, cette programmation est une cartographie mouvante des enjeux qui nous traversent.
Nous vivons actuellement une période où le repli guette, où la peur fige, où le cynisme sef fait tentation. Mais l’Art demeure et doit demeurer un territoire libre. Un espace où l’on peut encore penser. Où l’on peut encore rêver. Où l’on peut encore agir. Face aux raccourcis simplistes, il impose la complexité. Face aux discours figés, il invente des langages. Face aux silences, il réplique par l’éclat du sensible.
Alors oui, À nous le monde. Non pas dans un geste de possession, mais dans une dynamique de réinvention. À nous de le questionner. De le déconstruire. De le réimaginer. Et surtout, de le recréer ensemble.
La programmation
L’architecture inspire depuis toujours les cinéastes, les artistes et les documentaristes. Cette année, nous mettons en lumière cette relation fertile à travers une programmation qui embrasse architecture, urbanisme et design. Huit longs-métrages en explorent les multiples facettes, qu’il s’agisse de portraits d’architectes majeurs – Arthur Erickson, Eileen Gray ou encore les frères Campana, ou de projets innovants comme ceux du studio LOT-EK qui utilise des containers comme matériaux pour des espaces architecturaux et artistiques uniques.
Le FIFA consacre cette année une place de choix à Bêka & Lemoine, duo incontournable du film d’architecture, qui présentera en compétition internationale The Sense of Tuning. Une classe de maîtres, organisée au Centre Canadien d’Architecture, leur donnera l’occasion de partager leur approche singulière du cinéma architectural. Le Prix hommage du FIFA leur sera décerné pour reconnaître leur apport majeur au cinéma.
Les Amériques sont un autre focus central de cette édition. Plurielles et complexes, elles méritent que nous nous réapproprions le terme américain. Dans cette perspective, le FIFA inaugure Autochtonies des Amériques, une programmation réalisée en collaboration avec des festivals du Mexique, du Chili et de l’Uruguay, mettant en avant des cinéastes autochtones du continent. Construite en dialogue avec des commissaires et organismes autochtones, cette sélection sera présentée en avant-première à Montréal avant de voyager à travers les Amériques.
Impossible d’évoquer les Amériques sans parler du rôle des États-Unis sur la scène géopolitique mondiale. Deux films saisissants explorent comment l’art a été utilisé comme arme diplomatique. Soundtrack to the Coup d’État dévoile l’usage du jazz par les États-Unis dans la décolonisation du Congo belge, tandis que Taking Venice révèle comment la Biennale de Venise a été exploitée pour asseoir l’influence culturelle américaine. Une autre vision du continent nous est offerte avec Tehachapi du photographe JR, qui plonge au cœur d’une prison de haute sécurité en Californie, explorant l’impact d’un projet artistique sur un groupe de détenus.
Le Brésil est également à l’honneur à travers quatre longs-métrages qui en offrent un portrait multiple. No More History Without Us restitue la voix des peuples de l’Amazonie et interroge les enjeux écologiques contemporains. Ouvidor suit des artistes occupant un édifice abandonné à São Paulo pour y recréer, ensemble, une communauté active et engagée. This is Ballroom explore les pratiques voguing à São Paulo, espace de liberté et de résistance pour la communauté queer, tandis que Balomanía dévoile l’univers clandestin des ballons géants, une tradition interdite aux racines insoupçonnées.
Cette année, le FIFA propose aussi une plongée immersive dans la culture chilienne, non pas à travers le cinéma en salle, mais par deux œuvres choisies par Isabella Cichero, Directrice du festival Dart Chili. D’abord, une projection monumentale aux abords du métro Saint-Laurent rendra hommage à Gabriela Mistral, immense poétesse chilienne et première femme latino-américaine à recevoir le prix Nobel de littérature en 1945. Puis, un concert visuel nous transportera dans le désert d’Atacama lors duquel les sons et lumières des étoiles, captés depuis l’Observatoire ALMA, seront transformés en une performance sonore et visuelle saisissante, suivie d’une grande fête éclectique, électronique et latine.
Et rappelons-nous qu’ici, nous sommes aussi américains. Parmi les films d’ici incontournables, nous présenterons en première mondiale Le Temps, le dernier film de François Delisle. Véritable film d’art, il déploie une narration photographique saisissante pour raconter un récit dystopique où la nature semble, peut-être, avoir le premier rôle. Autre moment fort, la première mondiale de L’Avenir, le dernier opus d’Emmanuel Schwartz dans lequel une cohorte d’étudiant.e.s en théâtre crée un spectacle à mi-chemin entre rituel funéraire et happening théâtral. En première mondiale, À la lumière du soir, un film exceptionnel signé Fernand Dansereau. À 95 ans, ce grand maître du documentaire québécois nous offre un nouvel opus, un regard d’une rare lucidité sur le temps, la mémoire et la transmission.
Je soulignerai aussi le film de Neil Diamond : So Surreal : Behind the Masks qui relate l’histoire méconnue des masques cérémoniels des peuples Yup’ik (Alaska) et Kwakwaka’wakw (côte nord-ouest). Le film nous plonge dans l’histoire de ces objets culturels détournés par les musées et collectionneurs occidentaux, depuis les lointaines terres de Turtle Island (Amérique du Nord) jusqu’aux mains des surréalistes européens.
À travers cette sélection, nous célébrons aussi des figures majeures des arts visuels du Québec, avec des films consacrés au duo COZIC, qui a marqué la scène artistique contemporaine, et au sculpteur Robert Roussil, dont l’œuvre monumentale et libre a redéfini le paysage de la sculpture québécoise.
Côté musique classique, plusieurs films incontournables jalonneront cette édition. Deux portraits révèlent l’univers de chanteurs d’exception : le jeune et flamboyant contre-ténor polonais Jakub Józef Orliński et le baryton français superstar Ludovic Tézier. Un documentaire fascinant lève le voile sur Érik Satie, tandis qu’un autre nous plonge dans les coulisses d’une production de la 9ᵉ Symphonie de Beethoven avec l’Ukrainian Freedom Orchestra, alors que les guerres rattrapent la création du concert. L’ensemble québécois Collectif9 propose aussi une incursion dans son travail, mêlant musique classique et arts médiatiques. En clôture, une célébration du 150ᵉ anniversaire du Palais Garnier avec Une journée (extra) ordinaire, 24h à l’Opéra Garnier, qui nous plonge dans la vie du mythique opéra parisien.
D’autres expériences musicales marqueront le festival. La projection sur grand écran du concert de Flore Laurentienne à Saint-Pacôme sera une véritable séance d’écoute visuelle immersive. En avant-première, Antoine Corriveau dévoilera son nouvel album lors d’une séance spéciale, accompagnée d’un film inédit réalisé par Francis Leclerc. Enfin, la série documentaire DJ Mehdi – Made in France, gagnante de nombreux prix, dont au Festival Canne Series, et aux dernières Victoires de la Musique, qui retrace le parcours du légendaire DJ et producteur. La série sera projetée d’un seul trait sur grand écran. Un coup de cœur pour l’univers de ce pionnier du hip-hop et de l’électro français.
Le FIFA met aussi à l’honneur le cinéma comme septième art. En ouverture, Michel Gondry, Do It Yourself de François Nemeta nous offre un regard intime sur le travail du cinéaste, depuis ses premiers vidéoclips dans les années 80 jusqu’à ses créations les plus récentes. Une carte blanche exceptionnelle est également offerte au Centre Pompidou, qui proposera trois séances de films rares issus de ses collections. Le 50ᵉ anniversaire de l’Université Concordia sera souligné à travers une séance commissariée par Jean-Claude Bustros, rassemblant des films d’artistes liés à Montréal. Le Groupe d’Intervention Vidéo (GIV), acteur essentiel de la vidéo expérimentale québécoise, célébrera aussi ses 50 ans dans le cadre de notre section FIFA Expérimental. Enfin, une sélection de films de Paul Rothé explorerale cinéma de l’absence, du vide et de l’invisible avec des cinéastes tel.le.s que Marguerite Duras, Thanasis Trouboukis et Théodora Barat.
Des femmes d’exception : Louise Bourgeois, Ana Blandiana, Carolyn Carlson, Niki de Saint Phalle, Emily Carr, Frosia et Simone de Beauvoir seront célébrées à travers des films qui témoignent de leur impact majeur sur l’art, la danse, la pensée et la création. Nous rendrons également un hommage particulier à Dominique Lemieux.
Deux événements majeurs viennent compléter cette programmation : La Nuit de la danse, qui revient pour une quatrième année avec une sélection exceptionnelle du cinéma dansé en court-métrage, et La Nuit du court, qui pour une seconde édition met en lumière les courts-métrages sur l’art les plus marquants de l’année. Deux marathons cinématographiques à ne pas manquer.
Enfin, grande nouveauté cette année : Le OFFFFFFFIFFFFFFFA. Un espace inédit, conçu pour accueillir des films hors-normes, inclassables, qui nécessitaient un écrin spécifique. Cette première édition, commissariée par David Combe, expert de l’underground artistique international, nous invite à découvrir des œuvres Hors-Champ, Hors-Ligne, Hors-Zone, Hors-Système, Hors-Catégorie, Hors-Norme, Hors-Toutte. Vous avez compris.
Pour finir, et j’aurais pu commencer par cela, un grand merci à nos communautés pour votre engagement et votre soutien indéfectible. À commencer par nos partenaires publics, nos donateurs et donatrices, nos ambassadeurs et ambassadrices, qui croient en notre mission et nous permettent de la faire rayonner. Merci également à notre conseil d’administration pour sa confiance, à toute l’équipe du festival, aux 160 bénévoles, aux espaces qui nous accueillent le cœur ouvert, ainsi qu’à nos fournisseurs et aux antennes diplomatiques qui nous accompagnent. Un merci particulier au comité d’honneur de l’Encan-bénéfice et aux membres du Club des 40, qui contribuent activement au développement et à la pérennité du FIFA.
Un immense merci aux artistes, cinéastes et créateur·rice·s qui nous font confiance depuis plus de 40 ans. Et surtout – surtout – un immense merci à nos publics. Chaque année plus nombreux, en salle, en ligne, lors de nos tournées, au Québec et ailleurs, dans les universités, dans les régions, dans les villes, partout, tout le temps.
Car c’est ensemble que nous avançons. Ensemble que nous transformons. Ensemble que nous bâtissons un espace où l’Art existe sans compromis. Nous avons la chance inouïe d’être entouré⸱e⸱s par une communauté inspirante, qui nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes, à innover, à rêver grand, et à partager notre passion avec des publics toujours plus nombreux.
Bon festival !